Suzanne

une histoire (du cirque)

Quelque-chose-entre-une-conférence-un-film-documentaire-un-spectacle

Comme Godard le disait à propos de cinéma,
ce n’est pas une histoire du cirque juste, c’est juste une histoire du cirque.

 

C’est la rencontre d’une voltigeuse de cirque des années 1950.
Suzanne donc.

Une dame de 90 ans qui nous a transmis son histoire restée jusqu’ici dans l’oubli.
C’est un documentaire qui raconte son histoire, et la drôle d’enquête que nous avons menée pour reconstituer son numéro avec son regard et des artistes de cirque d’aujourd’hui.
C’est l’histoire de Suzanne (mais pas que), un peu de la nôtre (mais pas que), nos échanges (mais pas que), de nombreuses digressions, et une réflexion sur cet art qui nous touche tant, sur l’oubli, le souvenir, le rapport au risque, à la mort et finalement à la vie (parfois si courte, parfois si longue).
C’est une conférence, un film, un spectacle.

Ce n’est ni l’un ni l’autre, et peut-être tout ça à la fois.

Dans Suzanne : une histoire (du cirque), nous imbriquons les questions habituelles des associé-e-s du Vide : ce qui fait une vie, et notamment une vie d’acrobate (quel est le sens de ce que nous faisons, et quoi faire du cirque en particulier ?) avec un autre thème fondamental: celui de la mémoire et des traces que nous laissons.

 

NOTE D’INTENTION

 

À l’origine, une rencontre
En 2017, je rencontre par un heureux hasard (et l’intermédiaire de ma grand-mère) Suzanne Marcaillou.
Elle a 90 ans et, de 1948 à 1965, elle a été voltigeuse. Suzanne et son mari Roger ont présenté à travers le monde un numéro de cadre aérien. Leur duo s’appelait Les Antinoüs.
Simplement heureuse et fascinée à l’idée d’échanger avec une circassienne de la grande époque, je me suis rendue à notre premier rendez-vous sans imaginer où cette rencontre me mènerait – et certainement pas sur scène. Mais Suzanne m’a bouleversée, pour le morceau d’histoire qu’elle représente, car à travers son récit on entrevoit la liberté offerte par ce métier extraordinaire grâce auquel elle pouvait, dans les années 50, montrer sa force, son corps, son talent, voyager, avoir un salaire égal à celui de son mari, mais aussi pour la somme d’archives qu’elle avait conservées avec minutie et qu’elle a dépoussiérées devant moi, et enfin, sans doute, pour les enfants qu’elle n’a pas eu et qui ne recevront pas ces précieux souvenirs en héritage.

 

J’ai tout de suite eu l’intuition qu’il fallait raconter l’histoire de Suzanne, en sauvegarder une trace, vivante et accessible. Cela venait tisser des liens avec ma propre histoire, toucher mon rapport au cirque, au souvenir, et peut-être à la mort. J’ai donc commencé à enregistrer nos rencontres, puis à les filmer, dans l’idée de donner un jour forme au récit récolté.

 

Puis le grand saut
Malgré la richesse de la documentation qu’elle a conservée, Suzanne m’a assuré dès le départ qu’il n’existait pas de vidéo de son numéro. Un seul numéro joué pendant 15 ans, et nulle trace sur pellicule. Rapidement, je me suis donc mis en tête de parfaire la mémoire qu’elle avait constituée en cherchant à recréer son numéro avec des amis acrobates, à partir de ses photos, de ses articles et de son récit.

 

Le projet était lancé : nous allions apporter notre petite pierre à l’édifice de la grande histoire du cirque et réaliser un film documentaire sur Suzanne et sur la reconstitution du numéro.

Fragan Gehlker est devenu le coréalisateur de cette drôle d’entreprise.
Marine Fourteau, Luke Horley et Simon Bruyninckx, ont accepté de me rejoindre dans cette quête.

À l’occasion d’une résidence de recherche à la Grainerie à Toulouse, où nous avons réuni leurs 2 compagnies (Marcel et ses drôles de femmes et Le Collectif Malunés), le cirque d’aujourd’hui a dialogué avec celui d’hier. Suzanne a transmis un peu de son expérience aux acrobates qui tentaient de s’approprier les figures désormais désuètes des Antinoüs. Et ces jeunes acrobates ont bousculé les réserves de Suzanne sur le cirque d’aujourd’hui.

 

Suzanne et Roger ont voltigé des milliers de fois, entre 6 et 12 mètres de hauteur, sans tapis de sécurité, sans longe et sans filet. Le risque, au cœur de leurs gestes, changeait tout. Aujourd’hui, rares sont ceux qui prennent de tels risques, en font leur quotidien.

 

Pour rendre hommage à leurs aînés, le trio contemporain allait t-il oser prendre le même risque qu’eux?

 

Et finalement, un spectacle
Comme la vie n’est jamais là où on l’attend, nous avons croisé, sur le chemin de la reconstitution du numéro (entre 2018 et 2023) bien des obstacles et d’invraisemblables rebondissements: des promoteurs immobiliers ont tenté de chasser Suzanne de son immeuble, un spectateur qui avait vu son numéro enfant est apparu, de nouvelles archives vidéos du numéro ont été découvertes, les difficultés du Covid nous ont séparées longtemps, la joie de vivre de Suzanne a décliné.

 

Finalement, c’est sur scène que nous avons choisi de raconter cette rencontre avec Suzanne et la recherche au long cours qui s’en est suivie. À mes côtés, sur un grand écran, un film monté avec Ariane Prunet revient sur les grandes étapes de cette aventure. Il s’achève sur la reconstitution du fameux numéro, captée en septembre 2023 dans le cirque en dur du CNAC, à Châlons-en-Champagne, notre dernier ajout au recueil d’archives de Suzanne.

 

Suzanne : une histoire (du cirque) dans le paysage du cirque d’aujourd’hui

Depuis quelques années nous observons une certaine curiosité qui grandit sur l’histoire du cirque d’avant le cirque contemporain d’une génération qui comme nous est née alors que le cirque contemporain émergeait et qui en est en quelques sorte la deuxième génération.

En effet, mon premier spectacle de cirque enfant n’était pas traditionnel, c’était un cirque contemporain (dit alors ‘nouveau’), le Cirque Plume, et émerveillée par cette forme nouvelle, pendant plusieurs années je nourrissais un certain « rejet » du cirque plus traditionnel. Jusqu’à comprendre qu’il y avait peut-être un « dégoût » qui n’était pas si « juste » que ça et qu’il me manquait aussi parfois des choses (des émotions? des réponses?) dans le cirque contemporain que je voyais. Ce projet s’inscrit dans cette recherche d’une inscription du cirque dans une histoire comme « retissée » avec moins de fractures et plus d’emmêlements peut-être, tout en étant résolument contemporain. Nous défendons ici une forme qui semble assez atypique dans le contexte actuel, où le cirque est un sujet central et où la forme navigue entre plusieurs disciplines artistiques: cirque, cinéma, théâtre, peut-être même un petit clin d’oeil au music hall.

 

POURQUOI ?

 

Pour Suzanne, son histoire, sa beauté, son mystère,
Pour ce que le cirque ne nous dit pas de lui-même,
Pour cette mémoire qui s’efface, ces traces qu’on ne regarde pas, ces vieux qu’on nie,

Pour ma peur de la disparition,
Pour mon goût d’apprendre et d’essayer encore,
Pour le cinéma et le cirque, qui commencent tous deux par un « ci » (seulement ?)

 

L'EQUIPE

seule en scène : Anna Tauber

à la réalisation et mise en scène :

Anna Tauber et Fragan Gehlker

au montage : Ariane Prunet

au numéro de cadre retrouvé :

Simon Bruyninckx, Marine Fourteau et Luke Horley

à la longe : personne

à la caméra :

Zoé Lamazou, Lucie Chaumeil, et Raoul Bender

à la documentation :

Suzanne Marcaillou et François Rozès

aux costumes et accessoires :

Marie-Benoîte Fertin, Héloïse Calmet, et Lise Crétiaux

à la composition musicale finale : Tsirihaka Harrivel

à la lumière : Clément Bonnin

au mixage son : Alexis Auffray

à l’étalonnage : Axelle Gonay

à la régie générale et lumière : Elie Martin

pour muscler le propos :

Perrine Carpentier, Aziz Drabia et Roselyne Burger

LES PARTENAIRES

Une production de L’Association du Vide & Avant La Faillite

 

Coproductions et résidences : Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg et Le Cirque Théâtre d’Elbeuf, Le Palc – Pôle National Cirque de Châlons-en-Champagne, Grand Est, Le Carré Magique – PNC en Bretagne, Latitude 50, Pôle arts du cirque et de la rue de Marchin (Belgique), L’Azimut – Pôle National Cirque en Ile-de-France, l’Espace Périphérique (Ville de Paris – Parc de la Villette)

 

Autres soutiens : L’Essieu du Batut, Le Pop Circus, La Grainerie, La Martofacture, Les Quinconces-L’Espal, scène nationale du Mans, Le Canal-Théâtre à Redon, Le Ciné Manivel à Redon, Les Tob’s

 

Sollicitations en cours : DRAC Ile-de-France, Conseil Régional d’Ile-de-France

TECHNIQUE

Lieu: salle de spectacle (ou autres lieux non dédiés où il est possible de faire un noir)

Jauge : elle dépend du lieu et du contexte, mais peut être grande / en frontal

Durée : 1h20

Public conseillé: tout public, à conseiller à partir de 10 ans

Représentations en journée possibles: privilégier des représentations ouvertes à des groupes scolaires à partir de la 4ème, ainsi qu’à d’autres groupes adultes qui ne viendraient pas en soirée (associations, etc.)




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